Un renard a été aperçu à Strasbourg, place de Bordeaux, dans la nuit du dimanche 5 août. Et ce n’est pas inhabituel. Voici quelques informations si vous en voyez un…
Il avait un peu d’avance pour la rentrée des classes… Un renard roux (vulpes vulpes, pour son nom scientifique) a été filmé devant le lycée Kléber de Strasbourg, dans la soirée du dimanche 5 août. Un événement plus courant qu’on pourrait ne le penser. "Les Strasbourgeois sont très surpris quand ils voient un renard… alors que c’est tout à fait normal!" nous confirme le service Médiation faune sauvage (MFS) de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Lequel a éclairé notre lanterne: il est possible de le contacter au 03 88 22 07 35 ou par courriel (alsace.mediation@lpo.fr) si vous avez la moindre question à propos du renard (ou de toute autre animal sauvage).
Pourquoi le renard se balade dans la ville ?
Strasbourg n’usurpe pas son appellation de ville verte. Parmi ses espaces verts figurent les parcs de la Citadelle, de l’Orangerie, ou de Pourtalès, mais aussi les forêts du Neuhof et de la Robertsau. Et qu’est-ce qui vit dans la forêt? Le renard. La ville est contigüe à son espace naturel.Or, le goupil est une espèce opportuniste, et adapte son alimentation selon l’environnement où il se trouve. Et Strasbourg regorge de poubelles et de rats (vous n’en avez jamais vu sur les quais de l’Ill?). Nous ne sommes pas en train de dire à monsieur le maire que sa ville est un dépotoir: c’est comme ça pour toute grande ville européenne. Et pour un renard, tout cela équivaut à un buffet à volonté: rien d’étonnant à ce qu’il s’y balade. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que l’on trouve énormément de renards à Londres: nos collègues de France 3 Bourgogne y ont consacré un documentaire.
Est-ce que les renards vont nous envahir ?
Un renard s’établit là où il y a de la place, et là où il y a à manger. Si l’un ou l’autre vient à manquer, le renard part tenter sa chance ailleurs. Il y a donc peu de risque de se retrouver face à une horde de goupils au cours d’une paisible balade à l’Orangerie. Dans tous les cas, après leur naissance en mars, les renardeaux quittent leur mère à la fin de l’été et partent coloniser leur propre territoire. On est loin de la surpopulation.
Un renard, ça transmet la rage, non ?
Il n’y a pas eu de cas de rage attrapée en France métropolitaine depuis 1924. La Protection suisse des animaux (PSA) précise que le renard ne doit plus être vu comme un vecteur de la rage. Il est impossible de croiser un renard enragé, car tous ont été vaccinés. Vous ne risquez donc pas d'attraper la rage, ni de vous faire mordre. Sauf si vous le provoquez...
Lutter contre l'échinococcose alvéolaire by Vincent Ballester on Scribd
Par contre, là où le renard peut poser problème, c’est au niveau de l’échinococcose alvéolaire. Kézako? Pour simplifier, il s’agit d’une maladie parasitaire transmise au renard par les rongeurs lui servant de proies. Transmise à l’être humain, cette maladie attaque le foie dans les derniers stades de son évolution. Mais pour que transmission il y ait, il faut que les déjections du renard aient éventuellement souillé les légumes de votre potager (ou vos champignons, etc.). Si tel est le cas, il suffit de bien laver lesdits légumes (comme vous le feriez habituellement, de toute manière), et/ou de cuire ce que vous ramassez à plus de 60°C. À noter que les animaux domestiques non vermifugés peuvent également transmettre cette maladie.C’est méchant, un renard ?
Le renard est généralement peu craintif envers l’être humain. Il peut même s’habituer à sa présence. C’est d’autant plus le cas pour les (adorables) renardeaux, qui peuvent se comporter comme des chiots. Si vous n’essayez pas de l’attraper pour lui faire un câlin une caresse, le renard ne vous fera rien. Oui, il faut vous retenir, même si c’est très mignon. Il se peut aussi que votre chat, s’il a l’habitude de sortir seul, croise un renard. Pas d’inquiétude. L’agressivité des chats est réputée plus élevée que celle du renard. On a même déjà vu des chats et des renards partager la même gamelle… Par contre, si votre chat est très vieux ou malade, évitez de le laisser sortir. Quant au chien, évitez qu’il ne se jette sur le renard, afin que ce dernier ne transmette pas la gale à votre compagnon canin.
Un renard s’est installé dans mon jardin : comment le faire partir ?
Si un renard s’installe chez vous (enfin, dans votre jardin), c’est que quelque chose l’y a attiré. Par exemple, l’appétissante gamelle de votre chien, des chaussures ou des outils de jardinage (vus comme des jouets par le facétieux goupil), ou des sacs poubelles à l’air libre. Pour éviter que le renard ne s’installe chez vous en retournant vos parterres de magnifiques pensées, déchirant vos sacs poubelles, et poussant des cris suraigus lors de la saison des amours vous pouvez:
- éviter dans votre compost les aliments carnés, céréaliers, laitiers, et plus généralement cuits
- mettre vos sacs poubelles dans une poubelle
- ne pas laisser à manger dans l’écuelle de votre compagnon canin ou félin
- ramasser les fruits tombés des arbres (les renards sont omnivores)
- ranger tout ce qui traîne dans le jardin
Et si la présence du renard ne me dérange pas ?
Tant mieux! Le renard régule certaines populations d’animaux nuisibles: il est donc utile. Il se pourrait même qu’il permette de lutter contre la maladie de Lyme. Les jardins qui attirent le goupil sont aussi des habitats idéaux pour les hérissons ou une quantité d’oiseaux, de quoi passer des heures le nez collé contre la fenêtre de son jardin.Observer un renard est toujours intéressant, et captive les enfants (et les grands enfants, comme l’auteur de cet article). Une famille de renards s’était même installée sous une école strasbourgeoise, pour le plus grand bonheur des élèves. Mais il faut éviter d’approcher le renard: c’est comme au magasin, on touche avec les yeux!
Mes enfants adorent ce renard : est-ce que je peux l’adopter ?
Désolé, mais la réponse est non. Un grand non. Certes, le renard est un cousin du chien (tous deux sont des canidés). Mais le renard est, et doit rester, un animal sauvage. Il n’est pas question de (trop) l’approcher, ou pire, de vouloir le nourrir/l’apprivoiser. Les histoires de renards apprivoisés finissent (presque) toujours mal. Désolé si ça vous fend le cœur et que vous aviez toujours rêvé d’un renard comme compagnon.
Pour l’anecdote, la domestication du renard a été tentée en Russie. L’expérience a commencé en 1957, et se poursuit encore de nos jours. Mais elle pourrait péricliter, faute de moyens…
Il faut protéger le renard by Vincent Ballester on Scribd